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Une experte préconise une surveillance stricte des mosquées

Pour Saïda Keller-Messahli, présidente du Forum pour un islam progressiste, il faut surveiller étroitement les mosquées en Suisse et les imams invités (archives). © KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER
Pour Saïda Keller-Messahli, présidente du Forum pour un islam progressiste, il faut surveiller étroitement les mosquées en Suisse et les imams invités (archives). © KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER


Publié le 27.08.2017


Pour l'experte de l'islam Saïda Keller-Messahli, la Suisse prend trop peu de mesures contre les imams radicaux. L'imam qui tenait des prêches incitant à la haine dans une mosquée à Bienne n'est pas un cas isolé, dit-elle dans la NZZ am Sonntag et le SonntagsBlick.

On trouve ce genre de discours dans diverses mosquées, selon Mme Keller-Messahli, qui préside le Forum pour un islam progressiste. "De tels prédicateurs préparent le terreau spirituel à la violence." Dans le pire des scénarios, cela peut mener au djihadisme qui entretient la haine envers la société.

Une majorité des mosquées sont "très conservatrices", selon la spécialiste. La plupart des imams qui prêchent dans les mosquées helvétiques tendent au salafisme. "Ils représentent un islam avec lequel la majeure partie des musulmans de Suisse ne peuvent pas s'identifier." Résultat, la confiance de la population envers les musulmans modérés est mise à mal.

Saïda Keller-Messahli estime que les autorités doivent se montrer plus strictes. Il faut surveiller de très près toutes les mosquées et les prédicateurs invités. Face à ce laxisme, les islamistes radicaux en ont profité pour s'imposer, explique l'experte. Imams et aumôniers islamiques en Suisse doivent être inscrits dans un registre public. De plus, une autorisation officielle devrait être nécessaire pour exercer cette fonction.

Mme Keller-Messahli plaide ainsi pour une formation reconnue au niveau fédéral et indépendante de l'étranger. Le Conseil fédéral se penche actuellement sur un tel projet.

"Une mission claire"

L'experte constate aussi que beaucoup d'acteurs qui propagent des pensées radicales n'agissent pas de manière indépendante. Au contraire, ils sont liés à des organisations hors de Suisse. "Il y a un système. On a l'impression que ces imams ont une mission claire", estime la sexagénaire.

La Suisse est une plateforme pour des imams radicaux. Beaucoup d'autorités et de politiciens ne réalisent malheureusement pas les liens étroits entre fanatiques islamistes en Suisse et à l'étranger: "ils font preuve d'une naïveté flagrante face à l'islamisme organisé".

La Suisse devrait systématiquement expulser les prêcheurs islamistes ou empêcher leur venue dans le pays. Les autorités pourraient également coopérer de manière plus décidée avec les organisations et personnes à l'étranger qui combattent les prêcheurs islamistes.

Pour Mme Keller-Messahli, lauréate du Prix suisse des droits de l'homme 2016, de nombreuses mosquées constituent "une sorte de société parallèle". Peu de gens savent ce qui s'y passe vraiment et comment des enfants y sont endoctrinés. Une vraie intégration dans la société est empêchée.

Imam connu du SRC

En ce qui concerne l'imam de Bienne qui profère des discours incitant à la haine, le Service de renseignement de la Confédération (SRC) a réfuté dimanche les accusations du SonntagsBlick selon lesquelles il est resté inactif. Les autorités en charge de la sûreté - dont le SRC - ont enquêté à plusieurs reprises depuis 2005 dans ce cas, a indiqué le SRC à l'ats.

En l'absence d'acte délictueux concret, le service n'a pas les bases légales pour observer une mosquée ou un imam. Depuis la fin 2016, une enquête est en cours contre l'imam biennois pour soupçons de radicalisation et incitation à la haine. Cette enquête n'est pas encore terminée.

ats

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